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Un gigantesque incendie au port de Beyrouth quelques semaines après l’explosion

Un gigantesque incendie s’est déclaré jeudi dans un entrepôt du port de  Beyrouth, où la Croix-Rouge stockait de l’aide alimentaire, semant la panique parmi des Libanais encore sous le choc de l’explosion meurtrière et dévastatrice qui a traumatisé la capitale il y a cinq semaines. Selon le président libanais, l’incendie pourrait avoir été causé par un acte de « sabotage », « une erreur technique » ou « une négligence ».

« L’incendie d’aujourd’hui pourrait être un acte de sabotage intentionnel, ou le résultat d’une erreur technique (…) ou d’une négligence », a indiqué le président libanais Michel Aoun. « Dans tous les cas la cause doit être connue le plus rapidement possible et les responsables doivent rendre des comptes », a-t-il dit, selon le compte Twitter de la présidence.

« Des milliers de colis alimentaires » partis en fumée

L’incendie s’est déclaré dans un entrepôt où la Croix-Rouge​ stockait de l’aide alimentaire, laissant craindre une perturbation des opérations humanitaires de l’organisation humanitaire. « L’entrepôt en feu, c’est là où la Croix-Rouge entrepose des milliers de colis alimentaires et un demi-million de litres d’huile (…) Notre opération humanitaire risque d’être sérieusement perturbée », a indiqué sur Twitter le directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge pour le Proche et Moyen-Orient, Fabrizio Carboni.

D’épaisses colonnes de fumée noire sont visibles depuis plusieurs quartiers de la capitale. L’incendie a touché un entrepôt où sont stockés de l’huile pour moteur et des roues de voiture, a indiqué l’armée libanaise dans un communiqué, appelant les habitants à quitter les quartiers environnants.

Des hélicoptères déployés

Le feu a pris dans la zone franche du port, où étaient stockés des pneus et des huiles alimentaires par une compagnie importatrice, a confirmé de son côté le directeur par intérim du port, Bassem al-Kaissi, à une chaîne de télévision locale. L’incendie « a commencé avec les bidons d’huile avant de se propager aux pneus », a-t-il ajouté, sans être en mesure d’en préciser l’origine. « C’est soit à cause de la chaleur soit d’une erreur, il est encore trop tôt pour le savoir », a affirmé Bassem al-Kaissi. Des camions de la défense civile ont été dépêchés sur le site de l’incendie, tandis que l’armée a déployé des hélicoptères pour tenter d’éteindre les flammes.

Sur les réseaux sociaux, nombre de vidéos montrent une grande boule de feu et d’épaisses colonnes de fumée noire. Le mot dièse en arabe #PortdeBeyrouth est parmi les plus repris sur Twitter. « Feu démentiel au port, provoquant la panique dans tout Beyrouth. On ne peut pas avoir une pause », a déploré sur Twitter une chercheuse de Human Rights Watch (HRW), Aya Majzoub. Le 4 août, une gigantesque explosion au port, déclenchée par un incendie, a dévasté des pans entiers de la capitale, faisant au moins 190 morts et plus de 6.500 autres.

Des responsables entendus dans l’enquête sur l’explosion du 4 août

L’incident de jeudi est le deuxième en moins d’une semaine dans le port de Beyrouth. « Où vivons-nous ? C’est le théâtre d’un crime qui a eu lieu il y a un mois ! Où est la justice ? Où est l’Etat ? », s’est indigné Omar Nachaba, chercheur en criminologie et défenseur des droits humains, alors que l’enquête se poursuit sur l’explosion du 4 août. Le drame a été provoqué par une importante quantité de nitrate d’ammonium stockée depuis plus de six ans « sans mesures de précaution » dans un entrepôt du port, de l’aveu même des autorités. Quelque 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium avaient été initialement stockées. Les principaux dirigeants de l’Etat, en premier lieu le président Michel Aoun et le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab, avaient été avertis des dangers que représentait cette cargaison.

L’explosion est venue attiser la colère d’une grande partie de la population pour qui ce drame constitue une nouvelle preuve de l’incurie de la classe dirigeante. Au total, quelque 25 personnes ont été arrêtées après le drame, notamment le directeur général du port, Hassan Koraytem, le directeur général des douanes, Badri Daher, le directeur général du transport maritime et terrestre, Abdel Hafiz Al-Kaissi, et quatre officiers. Jeudi, le juge d’instruction Fadi Sawan devait convoquer le ministre du Transport et des Travaux publics, Michel Najjar, qui fait partie du gouvernement démissionnaire, tout comme le chef de la Sûreté d’Etat Tony Saliba, pour les entendre comme témoins.

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